Qu'est ce que le Kumihimo ?

Un peu d'histoire.

Le Kumihimo est une technique japonaise de tressage, permettant de fabriquer des cordes et des rubans. Le terme Kumi-Himo signifie approximativement "cordons tressés". Le Kumihimo original est réalisé sur un marudai, en général en bois, sur lequel les fils sont tressés avec des poids pour les garder bien alignés. Cet outil est difficile à se procurer (à moins de se le fabriquer) et n'est pas transportable.

Le mobidai (disque Kumihimo en mousse) permet de s'affranchir de ces contraintes, peu cher, léger et de petite taille, il permet d'emporter votre tresse avec vous. L'utilisation du disque Kumihimo est très simple et facile à apprendre.

Le Kumihimo est un art pratiqué depuis plus de 1400 ans. Lorsque la religion bouddhiste s'est propagée au Japon, les gens ont commencé à utiliser des cordons décoratifs pour les cérémonies religieuses.

Plus tard, les gens utilisaient des tresses de couleurs vives pour décorer les vêtements, accrocher des bannières, relier des ensembles d'armure et orner des manches de couteaux. Aujourd'hui les cordelettes réalisées avec cette technique sont utilisées en décoration et comme accessoires de mode. Vous pourrez ainsi créer des bracelets, colliers, anses de sac, ceintures ...

L’histoire du Kumihimo

On sait que les Kumihimo étaient déjà utilisés par les classes supérieures des IIIe et IVe siècles grâce à des objets retrouvés dans des kofun [1]. L’accession des Kumihimo au statut d’objets d’art au Japon a été fortement influencée par l’invitation dans la seconde moitié du VIe siècle de gens venus de Chine et de Corée et ayant une grande érudition.

Avec l’introduction du bouddhisme au Japon et le soutien que lui a offert le prince impérial Shôtoku Taishi [2] (574-622), une culture centrée sur le bouddhisme a prospéré. Des techniques avancées ont aussi été introduites pour les Kumihimo du fait du caractère solennel du bouddhisme, et, de même que pour les vêtements, leurs couleurs et leurs dessins étaient devenus un moyen de marquer le rang des nobles et des moines bouddhiques.

En 894, l’envoyé impérial à la Cour des Tang ayant été rappelé du fait de guerres civiles en Chine, les imports culturels en provenance du continent ont disparu et la japonisation du mode vie et de la culture des nobles de la capitale (Kyôto), résidence de l’Empereur, a commencé à se développer pour s’adapter à l’environnement unique du Japon. Les couleurs et les formes des Kumihimo réalisés par les nobles de rangs inférieurs et les bonzes se sont aussi japonisés. Au XIIIe siècle, ne se limitant pas seulement aux religieux et aux nobles, la demande en Kumihimo s’est élargie à la classe des guerriers (bushi) et de nombreux types et formes de Kumihimo sont apparus en fonction des usages. A partir de la deuxième moitié du XIIIe siècle, le pouvoir des bushi chargés de protéger les nobles se faisant de plus en plus fort, le Japon entre dans une époque où le pouvoir est détenu par les guerriers et on observe une demande croissante en Kumihimo non seulement esthétiques mais aussi résistants et pratiques, utilisés pour de splendides armes et armures. En particulier, il fallait quelques 300 mètres de Kumihimo pour relier entre elles toutes les plaques dites kozané d’une armure.

Lors de l’époque Sengoku [3] au cours de laquelle de célèbres guerriers japonais se sont affrontés à partir de la deuxième moitié du XVIe siècle, la pratique consistant à verser du poison dans le thé était répandue. Afin de prévenir ce genre de pratique, une technique de nouage appelée « fûin-musubi » utilisée pour le cordon du sac contenant la boîte à thé, a été mise au point, permettant de savoir immédiatement si quelqu’un y avait touché. Ce sont les maîtres de thé qui ont inventé cette technique selon laquelle un fil protégeait la vie de leur seigneur, et comme elle était entièrement transmise à l’oral, on l’appelait « nœud illusoire ». En réalité, plus de 500 techniques de nouage ont été créées. Au début du XVIIe siècle, l’Etat fut unifié et la capitale shôgunale fut transférée à Edo (Tôkyô), dans l’Est du pays, faisant entrer le Japon dans une ère de paix sous le nouveau système féodal. Les bushi, devenus fonctionnaires, ont alors élaboré des ornements pour leurs sabres, symboles de leur rang, et les Kumihimo ont aussi joué un rôle dans ces décorations. D’autre part, les marchands, qui étaient devenus très riches, se sont aussi mis à utiliser des Kumihimo dans leur vie quotidienne, généralisant l’usage de ceux-ci.

Le Japon qui a dû ouvrir ses ports sous la pression militaire des Américains et des Européens, a connu la « Restauration de Meiji » en 1867, et de nombreux guerriers qui ont perdu leur poste avec la chute du système féodal, se sont spécialisés dans la confection des Kumihimo, diffusant leurs techniques dans toute la région du Kantô, située autour d’Edo, ancienne résidence du Shôgun. Lorsque le port des sabres a été interdit par un édit impérial de 1876, l’utilisation du « sagéo [4] » qui y était attaché, devint populaire en tant qu’ornement des larges obis des femmes. A partir de ce moment et jusqu’à présent, la demande de Kumihimo concerne principalement les cordons de ceinture « obi-jimé » des kimonos de femmes.

Les Kumihimo ont ainsi été transmis durant cette longue période, et contrairement à la Chine et à la Corée, ils ont continué d’exister en tant qu’objets d’art alliant avec harmonie l’aspect décoratif au côté pratique. De nos jours, la quasi-totalité des gens s’occupant de Kumihimo le font en tant que hobby. Des cours de tressage de Kumihimo sont donnés depuis 25 ans au Musée des arts orientaux de Cologne. Par la suite, des demandes émanant de Berlin et de Vienne, puis des pays de l’Europe de l’Est, les ateliers de tressage de Kumihimo se sont multipliés. Le tressage n’est pas qu’un travail manuel et créatif, son charme réside peut-être aussi dans le fait de ne faire qu’un avec l’œuvre lorsqu’on se retrouve assis devant le métier à tresser appelé marudai et que les mains et le corps font bouger de façon rythmique les doux fils de soie teintés naturellement, au son agréable de la bobine. C’est sans doute pour cela qu’adultes, enfants et personnes handicapées continuent à en faire de la même façon.

[1] Tombeaux mégalithiques sous tumulus datant de l’époque allant du IIIe au début du VIIIe siècle.

[2] Prince impérial, fils de l’empereur Yômei et régent pour l’impératrice Suiko.
Il s’employa à répandre la doctrine du Bouddha parmi la noblesse.

[3] Période d’instabilité allant de 1467 à 1568, marquée par des luttes intestines entre sectes religieuses et seigneurs daimyô pour la suprématie.

[4] Cordon attaché au fourreau du sabre des guerriers.

Source de l'histoire du Kumihimo : Le Consulat Général du Japon à Strasbourg. 2004.


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